Meme sur une ile on n'est pas completement coupe du monde!

Suite a quelques petits problemes techniques, nous avons change de telephonne. Notre numero est le 0179535135. Pour nous joindre, faites donc le 0060 ou + 60 (indicatif de la Malaisie) puis 179535135.

Peut etre a bientot...

Depuis 3 jours, nous sommes en plein coeur de la saison des pluies donc il pleut, il pleut et il pleut...du matin au soir...et la nuit aussi! En velo, c'est l'enfer! Ca n'a rien a voir avec les petites averses qui nous rafraichissaient et nous amusaient depuis 2/3 mois. Maintenant, nous avons de la "vraie" pluie, bien epaisse, bien torentielle! En 30 secondes, on est trempe jusqu'aux os et nos affaires...elles sont mouillees en permanence. Il faut remettre le matin les habits trempes de la veille. Le climat est si humide que rien ne seche...bref tout baigne!

On comprend pourquoi la plupart des maisons sont sur piloti! A certains endroits, tout est inonde, les enfants construisent des bateaux qu'ils font naviguer dans des mares geantes, des hommes tendent des filets dans des champs qui deviennent des rivieres...Le paysage est transforme, c'est surrealiste! Au fin fond des campagnes, ca doit etre dur, les gens doivent passer plusieurs mois dans la boue, attendant patiemment que la pluie s'en aille...Cette saison est paradoxale, on ne sait pas si on doit l'aimer ou la detester. Elle est necesaire car sans elle il ne pourrait plus y avoir de recoltes mais elle rend la vie difficile. Il faut l'endurer pour mieux vivre ensuite!

Nous, on se sauve "lachement", on fuit le deluge! On prend le train cette nuit pour la Malaisie et demain, si tout va bien, on aura retrouve le soleil...

 Voici des photos du sud de la thailande (baie de Phang Nga). C'est une region tres agreable en hors saison, il n'y a personne... c'est calme...

Nous nous dirigeons tranquilement vers la Malaisie.

On n'avait pas encore pedale en Thailande, et bien c'est fait! Les routes n'ont rien a voir avec celles du Laos et du Cambodge, elles sont bien droites, betonnees, et possedent de vraies indications. Quel lux! N'empeche que les pistes poussiereuses et leurs nids de poules nous manquent! Elles ont leur charme malgre tout. C'etait rigolo de zigzager au milieu des poules et des cochons, et perilleux aussi! Surtout lorsqu'ils etaient suivis par toute une ribambelle de marmailles. Ici, on ne rencontre pas beaucoup d'animaux, ou alors ils sont ecrases sur la route, les yeux revulses...Ca cree une autre ambiance. Je suis un peu decue par le chemin que l'on a emprunte. Le nord de la Thailande doit etre beaucoup plus interessant a traverser en velo, c'est une region plus rurale, il y a de nombreuses tribus dans les montagnes et pleins de petits chemins escarpes. Ce sera pour une prochaine fois! Notre objectif est de regagner la Malaisie donc le sud de la Thailande est un passage oblige.

On a quand meme fait des rencontres sympas, le velo etant toujours un moyen d'engager la conversation. Notre demarche suscite de la curiosite et provoque de l'amusement chez les Thais qui nous trouvent un peu cingles de voyager de cette facon alors qu'eux memes ont abandonne le velo pour la moto, beaucoup plus fun et plus rapide! On est un peu "ring" a leurs yeux mais on assume.

Il y a une semaine, on a rencontre de jeunes instits Thaies qui nous ont invite dans leur ecole maternelle. Les petits ecoliers sont trop mignons! Ils etaient intrigues de nous voir la, ils nous tournaient autour, cherchant a attirer notre attention sans en avoir l'air. A premiere vue, ca n'a pas l'air tres different de nos ecoles francaises sauf que les enfants sont en uniforme bleu et blanc et qu'ils ont des sacs "Hello Kitti" dans le dos. Comme chez nous, ils pleurent leur maman en arrivant a l'ecole, ils se pincent et se donnent sournoisement des coups de pieds quand la maitresse a le dos tourne, les petites filles montrent leur culotte, les petits garcons se courent apres en poussant des hurlements, les plus timides se frottent contre les murs ou se cachent derriere leur "nainain"...Bref, rien d'exceptionnel! On retrouve tout un tas de comportements universels qui correspondent a la personnalite de l'enfant entre 3 et 6 ans. Malgre la distance geographique et culturelle, on n'est pas si different...Quand a l'enseignement, je ne sais pas trop ce qu'il vaut, certains disent qu'il est trop repetitif et peu interessant. Il aurait fallu passer plus de temps dans l'ecole pour s'en rendre compte. En tous cas, les gamins ont l'air heureux.

Les journees passent et ne se ressemblent pas, on ne sait jamais a l'avance ce que l'on va decouvrir. L'autre jour, par exemple, on est arrive dans un endroit vraiment decevant, la baie de Krabie, a une vingtaine de kilometres de la ville. Apres avoir pedale 40 bornes en pleine chaleur, on n'avait qu'un seul desir: se jetter dans la mer turquoise et se rouler dans le sable blanc! L'idee de cette baignade nous avait aide a supporter le soleil et meme a avancer un peu plus vite. Malheureusement, on s'est retrouve devant un remblai en beton, face a une plage sans charme, et derriere nous il y avait tout un alignement d'hotels, de restos et de bars a filles. Tout etait si denature qu'on n'avait pas l'impression d'etre en Thailande. On etait dans un espace indefinissable, on aurait dit un decor de mauvais film americain. Bref, on a pris peur en voyant autant de mauvais gout, on a saute sur nous velo et on est reparti en ville illico-presto. Quel dommage cette surexplotation touristique!

Bientot, nous serons a Ko Lanta ou nous esperons trouver un peu plus de tranquilite en cette basse saison. On devrait faire 85 kilometres dans la journee pour y arriver. Dur, dur! Mais le tout c'est d'y croire! Le velo mobilise de la force physique et aussi psychologique, l'une ne va pas sans l'autre. Quand on n'est pas motive, on n'arrive pas a avancer, on compte les kilometres, on rumine en silence, on souffle...Le plus dur est de ne pas savoir ou l'on va ou de se perdre, alors la le moral en prend un coup et les jambes aussi! Certains jours, au contraire, on se sent tout leger, on pourrait pedaler une eternite, le sourire aux levres, distribuant des " Sawadee ka" (bonjour en thai) a tous les passants. C'est pas facile d'etre un "athlete"...Heureusement, les gens sont la pour nous encourager, on recoit des coups de klaxon, des mains se dressent a l'exterieur des voitures, le pouce tendu, le tout accompagne d'un "bery good", d'un "I love you" ou d'un "Meautiful!" Rien que pour ces p'tits mots doux, ca fait plaisir de pedaler.

Ca y est, nous venons de quitter le Cambodge apres 3 semaines passees entre Phnom Penh et les temples d'Angkor. De ce pays, nous garderons des images fortes, a la fois belles et tristes. Angkor est une veritable industrie, tout y est cher, du droit d'entree a la petite bouteille d'eau, mais qu'est-ce que c'est beau! C'etait sympa de pedaler entre les temples, rencontrant quelques villages, des cyclistes qui allaient travailler dans les rizieres, et meme des motards transportant des cochons (vivants!) ficeles sur leur porte-bagage! Au debut, on croyait halluciner! Je n'ai toujours pas compris l'aspect technique de la chose...Et puis, il y a toujours quelqu'un dispose a faire la conversation, pour parler des temples ou de la pluie et du beau temps. On a ete impressionne de voir que les Cambodgiens maitrisaient aussi bien les langues etrangeres, ils parlent pratiquement tous anglais, plus le francais pour certains et parfois une langue asiatique. "Chapeau!" Ils misent beaucoup sur le tourisme pour developper leur pays. Ce qui nous laisse parfois la desagreable sensation d'etre "un dollard ambulant" mais objectivement ce n'est pas faux.

On rencontre beaucoup de misere au Cambodge et ca nous met souvent en difficulte. C'est dur d'etre confronte tous les jours a des enfants qui mendient dans la rue ou qui tentent de vous vendre a tout prix des echarpes ou des cartes postales, utilisant tous le meme discours, appris par coeur, dans differentes langues etrangeres, comme de petits automates. Ils ont l'air completement "deshumanises", sans desir ni pensee. La pauvrete les a prive de leur naivete d'enfant, elle les a instrumentalise, on dirait des "petites machines" a recolter de l'argent. Certains peuvent parler un peu d'eux-memes ou plaisanter mais c'est rare, la plupart du temps ils se refugient derriere un discours plaque, vide de sens. On ressent un melange de tristesse, d'impuissance et de colere. Que vont devenir ces enfants?

On n'efface pas 30 annees de conflit comme ca, le pays se releve tout doucement mais il a encore de nombreux sequels. Psychologiquement, les gens ont l'air marque, on dirait qu'ils continuent a avoir peur. D'ailleurs, ils nous ont fortement deconseille de nous aventurer dans les regions desertiques, en dehors des villages, comme-ci quelque chose de monstrueux nous attendait. A la question "qu'est-ce qui pourrait nous arriver", on n'avait pas de vraie reponse. Tout cela semblait confus. On finira par rencontrer un vieux Khmer parlant francais et selon lui, il y aurait encore des "soldats desoeuvres" dans la foret, prets a attaquer. Pourquoi pas, c'est possible qu'il y ait encore des khmers rouges bien delirants et armes jusqu'aux dents qui se battent contre un ennemi imaginaire, mais y-en-a-t'il autant qu'on le dit? En creusant un peu, on se rend compte qu'il y a beaucoup de fantasmes dans ces propos. Bien plus que d'eventuels soldats, ce sont leurs esprits qui representent un danger car ils continuent a roder dans la foret. Les Khmers sont encore sous l'effet d'un traumatisme alimente par leurs mythes et superstitions. Pol Pot, le chef des khmers rouges, est mort en 98 mais on n'a pas retrouve son corps. Cela ne peut qu'alimenter encore un peu plus les fantasmes...

Certaines personnes, surtout dans les campagnes, sont encore sur le "qui-vive", dans un etat de tension camoufle mais permanent. De nombreux villageois refusent de rendre leurs armes, ils veulent pouvoir se defendre en cas de besoin. Le Cambodge est un pays encore fragile, il n'est pas toujours facile d'y voyager car on est confronte nous aussi a ses blessures et par un effet de miroir, il nous arrive parfois d'etre un peu stresse, un peu "sous tension". Au dela de ce traumatisme, on percoit chez les khmers une vraie energie et un vrai desir de se reconstruire. La "pulsion de vie" a repris le dessus! Ca fait plaisir et nous laisse esperer pour eux un avenir meilleur mais la balle reste dans le camp des politiques...Et la, c'est une autre histoire...

Ou vont nous mener nos prochains coups de pedales? Vous l'avez surement remarque, on ne respecte pas trop notre itineraire de depart, bien trop ambitieux, et encore plus depuis que nous sommes en velo! On prefere voyager dans moins de pays et avoir plus de temps pour la decouverte, se laisser aller au gre des rencontres, laisser notre velo faire le guide (pour l'instant il ne se debrouille pas trop mal, il a du flair!). Pour bien faire, il faudrait toute une vie mais nous avons un an (plus que 6 mois et demi maintenant...), ce qui est deja beaucoup mais pas assez pour tout ce que l'on avait prevu. Finalement, on ne retournera pas au Laos meme si tout les deux on considere que c'est notre plus beau voyage. Si on se lachait un peu, on dirait meme que c'est "le pays le plus beau du monde!" On y retournera un jour, c'est sur, on y est deja tellement attache...Le Laos "n'a l'air de rien" mais il vous envoute, tout simplement, tout tranquillement, sans que vous n'ayez le temps de vous en rendre compte...Phenome qui reste en partie inexplique , comme beaucoup d'autres au Laos...

Donc, la prochaine etape sera la Malaisie ou Jean-Marie espere trouver un emploi pendant 2 mois en tant que divemester. Les sites de plongee ont l'air magnifiques, Ko Chang a cote c'est du "pipi de chat!" Je vais m'y remettre aussi mais j'ai un peu peur car il y a des requins...Inoffensifs...mais quand meme c'est impressionnant! Je prefere les p'tits poissons clowns, genre Nemo, c'est sympa aussi...

On va en Malaisie en velo, en passant par le sud est de laThailande. Nous partons de Surat Thani ou nous sommes en ce moment, nous allons pedaler dans les terres jusqu'a Phang Na (parc naturel au bord de la mer andaman). Je suis contente d'aller dans les campagnes thaies car je ne connais pas bien, on a juste eu un bref appercu au mois de mars quand on etait dans le nord.  Arrive a Phang Na, on devrait suivre la cote est en velo, on retournera peut etre a Ko Lanta (en esperant que ce soit moins mouvemente cette fois!), puis on devrait prendre le train un peu plus bas, vers Trang, pour la Malaisie. On prefere passer la frontiere en train car les relations entre certaines provinces du sud et le gouvernement thai sont un peu tendues en ce moment donc prudence! En Malaisie, Jean-Marie devrait tenter sa chance dans le nord ouest, dans l'archipel de Perhentian, ou alors dans le sud vers Tioman.

C'est un plaisir de se remettre a pedaler de bonne heure le matin. Aujourd'hui, on a traverse la ville vers 5 heure, il faisait frais, tout etait calme, endormi. J'aime voir les rues qui s'animent tout doucement, avant que ce soit la cohue et qu'on soit pris dans la circulation avec les motos, les taxis les tuks-tuks...D'abord, ce sont les animaux qui se reveillent, les chiens s'etirent sur les trottoirs, les poules sortent de leurs cachettes (attention a ne pas leur rouler dessus!), puis les vendeurs ambulants deballent leur materiel, les cantines font chauffer leurs marmittes pour la soupe de nouilles du matin, ca y est, le p'tit dej est pret!

Merci pour votre enthousiasme et vos commentaires sympas. Ca fait plaisir de vous faire partager notre voyage. A bientot...

Envie de se faire un cinoche?

Embouteillage...

"Station essence"

Un elephant dans la ville!

Un petit creux?

Le fameux cyclo-pousse...